Portrait de la race

HISTORIQUE DU PETIT MÜNSTERLANDER EN ALLEMAGNE

Traduit par Germain Klein, Délégué pour l’Allemagne

(gk 21.05.2013) Depuis des siècles, dans toute l’Europe et évidemment en Allemagne, les chiens ont joué un rôle très important dans la réussite d’une chasse. Dans le passé, les chasseurs étaient le plus souvent des nobles, la chasse avait un rôle économique important. Elle nécessitait de grands domaines sur lesquels elle était autorisée, elle demandait courage et adresse pour la poursuite et la mise à mort du gibier, c’était également un divertissement et un loisir.

Les bons chiens de chasse occupaient une place de choix, de même que les rapaces, qui sont actuellement utilisés par les richissimes princes arabes pour la chasse au vol , type de chasse hors de prix pour un citoyen au revenu moyen. En Allemagne, les chiens les plus demandés étaient les chiens broussailleurs et les chiens de Rouge. Ces chiens appartenaient à de très grands chenils et étaient formés par un personnel spécialisé.

 

L’élevage méthodique des chiens de chasse est apparu au milieu du 19ème siècle. C’était également le cas pour le Petit Münsterlander. Deux éleveurs qui ont exclusivement élevé des Petits Münsterlander sont répertoriés : le maître d’école Heitmann de Burgsteinfurt dans le Münsterland et le garde chasse Wolberg de Dorsten dans le Münsterland.

Dans leurs Petits Münsterlander coulait le sang de leurs ancêtres, chiens d’arrêt et broussailleurs d’Allemagne du nord. Il est plus que probable que ces courants de sang étaient issus de croisements d’épagneuls et de spaniels belges et français. Ces deux lignées, la lignée Heitmann’sche, un peu menue, et la lignée Wolberg’sche, plus corpulente, constituent la base de la race « Kleine Münsterländer Vorstehunde ».

 

En témoignent les couples de frères et soeurs « Boncoeur » et « Herta von Lohburg » de la lignée Heitmann comme « Rino-Hervest » et « Mirza I-Hervest » de la lignée Wolberg’schen de Dorsten. Les Petits Münsterlander étaient des chiens de taille moyenne à poil long, intelligents et travailleurs infatigables en plaine, à l’eau et au bois. Ils étaient des chasseurs passionnés (broussaillage et quête) au rapport fiable. Il aura fallu une cinquantaine d’années pour que la race puisse s’imposer chez les chasseurs et c’est en 1912 que fut créé un club de race du nom de « Verein für Kleine Münsterländer Vorstehunde (Heidewachtel) » ainsi qu’un livre des origines.

 

A cette époque, la sélection se faisait d’une manière très pragmatique : pour faire une portée, on prenait des chiens qui avaient bonne réputation à la chasse et originaire de la région. Cette méthode avait de gros avantages car les éleveurs et les propriétaires des étalons se connaissaient bien, ils chassaient souvent ensemble. Ils connaissaient les défauts et les qualités de chaque chien et pouvaient les accoupler en conséquence.

Edmund Löns, un des frères du célèbre écrivain Hermann Löns, était un éleveur passionné du Petit Münsterlander. A travers ses articles, parus en Allemagne et à l’étranger, il fit connaître la race qui obtint rapidement un grand succès. En 1927, il produisit des chiens truités car jusqu’à cette date n’était reconnue que la couleur marron – blanc. Une chienne truitée l’avait tellement impressionné par son intelligence, sa passion et son autonomie qu’il l’acheta et la fit reproduire. Cette couleur put s’imposer pour être définitivement reconnue par le club en 1929. La qualité des gènes liée à cette couleur a fait que la moitié des Petits Münsterlander portent cette couleur de robe aujourd’hui.

Edmund Löns et le Docteur Friedrich Jungklaus ont formulé et publié, jusqu’en 1921, les caractéristiques de la race du Petit Münsterlander qui constituèrent les bases de l’élevage. Ce n’est qu’en 1936 que le Club de race a fixé définitivement pour les années futures les principales caractéristiques de la race et les exigences liées au travail.

Depuis la fin du 19ème siècle (1899), une organisation particulière, le JGHV (Jagdgebrauchshundverband) ou « Club des chiens d’utilisation à la chasse »a été chargée de mettre au point des règlements pour les épreuves de travail des chiens de chasse, pour les chasseurs allemands.

C’est là que furent fixés les critères de travail pour les différentes races de chiens de chasse. Cela a permis de pouvoir comparer de manière systématique les aptitudes pour la chasse et pour l’élevage des chiens de chasse.

Dès le milieu du 19ème siècle, en Angleterre et un peu plus tard dans plusieurs pays latins, des règlements de travail ont été rédigés et sont encore en application de nos jours. Le travail en plaine était, et l’est encore, l’activité principale (Fields Trials). Dans cette partie de l’Europe, on privilégiait le chien spécialiste pour le travail en plaine, à l’eau et au bois. C’est encore le cas aujourd’hui.

 

En Allemagne par contre, les chasseurs utilisaient différentes races de chiens, comme par exemple le Petit Münsterlander, pour effectuer les différentes tâches imposées par le biotope et l’usage. Lorsque la polyvalence a été fixée dans les gènes de ces races, ces chiens pouvaient être sans grande difficulté spécialisés dans certaines disciplines et reconnus comme très compétents.

 

La polyvalence est devenue la principale caractéristique des chiens de chasse d’arrêt continentaux et par là même du Petit Münsterlander. Depuis 1936 les règlements pour l’élevage du JGHV sont valables pour le Petit Münsterlander. Jusqu’à aujourd’hui, la réussite à l’épreuve des jeunes au printemps (VJP) et à l’épreuve d’automne (HZP) sont les conditions nécessaires pour être autorisé à participer à la reproduction. Pour une portée » Recommandée », sous certaines conditions, les deux parents doivent avoir réussi la VGP.

 

 

Jusqu’en 1961 l’élevage du Petit Münsterlander se développa d’une façon aléatoire. Dans les années 20 jusqu’après la deuxième guerre mondiale, Edmund Löns quitta le club pour raison de désaccord concernant les règles régissant le travail. Il créa son propre club, le « Deutschen Heidewachtelklub ». A la longue, ce club ne put s’imposer en Allemagne. En 1961, il rejoignit à nouveau le club qu’il avait quitté et qui, depuis 1912 année de sa création, s’était bien développé.

 

Les amateurs du Heidewachtel n’avaient pas réussi, dans les années 30, à avoir une base assez conséquente pour maintenir le club en vie. La situation politique en 1952 de la division de l’Allemagne aboutit, dans la DDR, à la création d’un club  » Spezialzuchtgemeinschaft KlM » (Communauté spécialisé de l »élevage du Petit Münsterlander) sous la direction de Otto Capsius. En 1990, après 20 ans de séparation mais de travail sérieux pratiqué avec profesionnalisme, il a de nouveau été intégré dans le club d’origine.

La conduite de l’élevage d’une race nécessite un travail d’observation sur beaucoup de générations de chiens. Les succès et les échecs se suivent invariablement ; il faut beaucoup de temps pour obtenir un profil de travail fiable et une morphologie bien ancrée. Pendant des décennies le Petit Münsterlander a également rencontré beaucoup de problèmes, espoirs et déceptions ont été le lot des éleveurs et des conducteurs . D’innombrables portées, croisemements et essais en tous genres furent nécessaires jusqu’à ce que, il y a 50 ans, une base d’élevage large et saine se mit en place. Les caractéristiques spécifiques de la race se fixèrent et amenèrent à un profil de race de chien de taille moyenne à poil long, intelligent et polyvalent qui , encore de nos jours, chasse avec tant de passion tout en étant un agréable compagnon très apprécié en famille.

Même les maladies héréditaires comme l’épilepsie et la dysplasie ont pu être traitées efficacement grâce à une démarche et stratégie rigoureuses appliquées à l’élevage. Depuis 20 ans, l’informatique dans la gestion des données de l’élevage a joué un rôle très important.

Notre base de données « Dogbase » qui gère environ 45 000 Petits Münsterlander, est devenue un outil incontournable pour les éleveurs qui envisagent de faire des portées. Ce qui a amené beaucoup d’éleveurs à parcourir de longues distances, hors de leurs régions, pour faire une saillie avec un étalon recommandé. La gestion de l’élevage et les nombres importants d’informations données aux éleveurs ont été beaucoup facilité. L’ensemble de la gestion de notre Club avec plus de 5 000 membres ne serait plus envisageable sans cet outil.

 

En 2004, la F.C.I. a accepté le standard de la race n° 102 qui est encore d’actualité aujourd’hui et, à cette occasion, a changé le nom en Kleine Münsterländer (Petit Münsterlander). Par l’abandon du terme « Vorstehhund » (Chien d’arrêt), on a mis l’accent sur son profil de chien de chasse polyvalent.

 

Edmund Löns

Le Petit Münsterlander a mis longtemps, en Allemagne, a être reconnu par les chasseurs comme chien de chasse au même titre que les autres races de chiens de chasse pratique. Le Petit Münsterlander prouve chaque jour sa grande capacité d’adaptation dans le domaine de la chasse et de la vie en société.

Nous voulons préserver ce capital et le développer en Allemagne comme dans les différents clubs de race dans les autres pays.

Edmund Löns a résumé cet idéal dans un joli petit poème :

 

            „Im Schilfwasser heute und morgen im Feld,
             Im Walde verwiesen oder verbellt,
             Raubzeug gewürgt, das Verlorene gebracht,
             das ist es, was den Gebrauchshund macht!“

 

Aujourd’hui à l’eau et demain en plaine,

Au bois, le gibier retrouvé mort ou vivant,

Le nuisible égorgé, le gibier rapporté,

C’est ce qui caractérise le chien de chasse pratique.